Quels sont les objectifs financiers d’une entreprise ?
Sous la contrainte permanente de toujours faire face à ses dettes, l’entreprise va donc devoir s’employer à réaliser des profits pour rémunérer les risques pris par l’investisseur.
Découvrons ensemble les 3 objectifs principaux qu’elle doit se fixer à travers cette infographie.
Survie
Pour qu’une entreprise perdure, elle doit avoir des ressources financières à la hauteur de ses besoins financiers. Que se passe-t-il dans le cas inverse ? soit l’entreprise limite volontairement ses activités en fonction de ses ressources, soit elle repousse le moment de vérité en empruntant de l’argent.
En supposant que quelqu’un accepte de prêter (point fondamental !), l’entreprise est soumise à une loi d’airain : dans tous les pays, la loi oblige à payer ses dettes, sous peine de mort : la liquidation
pour cause de faillite (ou défaut de paiement). Pourquoi une telle rigueur ? parce que le développement économique est basé sur le crédit, qui permet d’accélérer considérablement la réalisation des projets, et que le crédit repose sur la confiance qu’a le prêteur dans la volonté de l’emprunteur de rembourser.
L’entreprise est donc face à une exigence absolue : avoir l’argent disponible au moment de faire face aux dettes exigibles. L’entreprise doit à tout moment savoir si elle risque d’être en défaut de paiement. La tenue de comptes est donc indispensable pour connaître le montant de trésorerie disponible, les stocks qu’on pourrait vendre, les créances à encaisser des clients, les dettes à payer aux fournisseurs, à la banque, aux organismes sociaux ou à l’État.
L’impératif de survie peut paraître trivial : s’il n’y a plus d’entreprise, il est inutile de rêver de marchés, de produits et de bénéfices… pourtant, on voit parfois des chefs d’entreprise mettre en œuvre des stratégies suicidaires, telle qu’une guerre des prix à outrance ou la recherche effrénée de la croissance pour… la croissance. Pour survivre, la recette est simple : il suffit de ne pas dépenser plus que ce que l’on encaisse ou, dit de manière inverse, d’avoir des recettes suffisantes pour couvrir toutes les dépenses.
Rentabilité
Démarrer
Équilibrer ses recettes et ses dépenses suffit-il pour qu’une entreprise fonctionne ? Oui, à condition qu’elle ait pu… démarrer et se développer ! or, pour démarrer une entreprise, il faut de l’argent. En effet, créer l’entreprise, acheter ses premières marchandises, voire s’installer dans des locaux n’est pas gratuit. Et les clients n’achèteront que s’il y a des marchandises à vendre.
Utiliser le crédit (fournisseur ou bancaire)
Il faut revenir à l’étymologie du mot « crédit ». Crédit vient du verbe latin, credo, qui signifie « je crois
», mais aussi « j’ai confiance ».
La base du crédit, c’est la confiance qu’on met en celui à qui on prête, en sa volonté et sa capacité future à rembourser. Pour une entreprise qui démarre, cette confiance n’existe pas.
Tout au plus fera-t-on confiance au dirigeant, mais dans la limite des capacités financières de cette personne. Pour que l’entreprise puisse démarrer, il faut que quelqu’un accepte de lui confier de l’argent en prenant le risque de le perdre. C’est le rôle de l’actionnaire. Le banquier qui prête n’accepte pas, a priori, le risque de perdre son argent ; il préfère ne pas prêter. De même le fournisseur voudra être payé comptant, au début.
Que faut-il donc pour que quelqu’un (que nous appellerons l’investisseur) confie de l’argent à l’entreprise avec le risque de le perdre ? : en pratique, il faut pouvoir attirer cet investisseur et lui
assurer un rendement suffisant…
Attirer l’investisseur
Dans le monde actuel, l’investisseur a le choix d’investir son argent dans des placements qui lui rapportent un certain intérêt ; par exemple, le « livret A » de la Caisse d’épargne rapporte, selon les
périodes, aux alentours de 0,50 % – 1,00 % par an. Les OAT 10 ans (obligations assimilables du Trésor – les anciens « Bons du Trésor ») rapportent actuellement moins de 1 % par an.
Pour qu’un investisseur rationnel ait envie de placer son argent dans une entreprise, il faudrait que cette entreprise lui rapporte au moins autant que la Caisse d’épargne ou les bons du Trésor, plus la
rémunération du risque pris, sinon pourquoi se compliquer la vie à créer, diriger, développer son entreprise ?
L’entreprise a donc un second objectif financier : apporter à l’investisseur un rendement « suffisant
» de son argent. Pour ce faire, il faut qu’après avoir payé toutes ses dépenses de fonctionnement, et ses investissements, l’entreprise ait encore un peu d’argent pour ses actionnaires.
Dans les comptes, la rémunération de l’actionnaire n’est pas inscrite comme une dépense de fonctionnement, car cette rémunération est aléatoire : l’investisseur est rémunéré après tout le monde, s’il reste de l’argent. Les comptes montreront le fonctionnement de l’entreprise avant rémunération de l’actionnaire. La rémunération de l’actionnaire, si elle existe, sera appelée « bénéfice
» ou « profit ».
Le caractère aléatoire de la rémunération fait de l’entreprise un placement plus risqué que le placement à la Caisse d’épargne dont la rémunération est connue d’avance, en montant (par exemple :
1 %) et dans le temps (chaque année).
Qu’est-ce qu’un « rendement suffisant » ?
L’investisseur « rationnel » fait le raisonnement suivant : « pourquoi investirais-je dans une entreprise plus risquée si cela me rapporte autant qu’un placement sans risque ? ». Contrairement à ce qu’on imagine souvent, les investisseurs et les entrepreneurs n’ont pas d’attirance pour le risque. L’investisseur dit « je n’investirai que si le rendement que je peux espérer est plus élevé, car le risque est plus élevé. Et plus l’entreprise me paraîtra risquée (par exemple dans le secteur des nouvelles technologies, de l’innovation), plus il faudra me laisser espérer une rémunération élevée pour que j’accepte de prendre ce risque. »
On verra dans le tome 2 « Comprendre la performance et la valeur de l’entreprise » comment on peut essayer de quantifier ce risque. On retiendra simplement, ici, qu’une entreprise doit pouvoir rémunérer l’investisseur pour le risque qu’il prend à y mettre son argent. L’entreprise doit réaliser des profits.